A Chaillot, Blanca Li en lutte pour la planète
Solstice De Blanca Li Mise en scène de Blanca Li et Pierre Attrait Avec Yacnoy Abreu Alfonso, Peter Agardi, Rémi Bénard, Jonathan Ber, Julien Gaillac, Joseph Gebrael (en remplacement d’Iris Florentiny), Yann Hervé, Aurore Indaburu, Alexandra Jézouin, Pauline Journé, Margalida Riera Roig, Gaël Rougegrez, Yui Sugano, Victor Virnot (danseurs), Léa Solomon (stagiaire) et Bachir Sanogo (musicien) Du 21 septembre au 13 octobre 2017 Tarifs : 15€ – 41 € Réservation par tél. au 01 53 65 30 00 Durée : 1h40 Chaillot – Théâtre National de la Danse |
Du 21 septembre au 13 octobre 2017 De belles images pour un hommage à dame Nature: Solstice de Blanca Li évoque la mer, la banquise, la vie en harmonie avec un environnement naturel. Jusqu’au cataclysme… Solstice est une pièce pour quinze danseurs et un fabuleux griot qui excelle en tant que chanteur, percussionniste et joueur de kora. La fusion entre danseurs et projections produit ici des effets spéciaux tout simplement bluffants. La dernière grande réussite de Blanca Li s’appelait Robot! Dans ce spectacle loufoque, les danseurs côtoyaient les NAO, ces petits robots vaguement anthropomorphes. Aujourd’hui, elle évoque les éléments et l’humanité qui les pollue sans trop s’en soucier. Elle parle de l’air, des océans et de pollution. Quand on lui demande si elle n’y voit aucune contradiction, elle répond que les nouvelles technologies sont justement celles qui peuvent réduire la pollution. Peut-être a-t-elle raison, mais le chemin sera long… Eau et air Par ailleurs, elle ne renonce en rien à utiliser la technologie pour mettre en scène Solstice. La scénographie et les projections, mais aussi certains costumes, entrent en fusion avec les corps, les prolongent ou les plongent dans des eaux imaginaires. Au-dessus des interprètes, un immense baldaquin, fait de lignes de tissus inclinables qui montent, descendent ou basculent à volonté. Leur blancheur immaculée n’a d’égal que celle du sol. Les vagues de l’océan, la neige ou un plan d’eau bucolique sous une petite pluie font corps avec les danseurs, grâce à la création visuelle de Charles Carcopino, spécialiste du mapping, laquelle se marie à merveille avec l’art plastique si aérien de Pierre Attrait, scénographe de Blanca Li de longue date, mais aussi dans le domaine de l’événementiel (LVMH, Bvlgari, Cartier…). Vents et cendres C’est l’immersion de la danse dans ces deux univers artistiques conjugués qui crée l’attrait principal de Solstice. Des tissus blancs et ultralégers englobent et prolongent les corps, devenant eux-mêmes danseurs, dans le souffle constant de deux puissants ventilateurs. Légers comme l’air, ils le rendent visible dans son agitation. Ces oriflammes vibrent d’une excitation inénarrable. Par ailleurs, Solstice se donne en pleine Fashion Week parisienne, et ce tableau y ferait un tabac! Blanca Li n’entend pas moraliser ou accuser, mais rendre hommage à la nature. Pour cela, elle mise, dans un premier temps, sur la pureté des origines. Dans la danse, mais aussi par les images qui proviennent des films Human et Terra de Yann Arthus-Bertrand. Jusqu’à ce que, en conclusion, la belle harmonie vole en éclats, que des cendres envahissent le plateau et que les danseurs s’agitent comme les esprits de la terre, piqués au vif par cette marée noire. Agir! A part ces tableaux de maître, Solstice est aussi, en parallèle, fait d’une centaine de minutes de danse. Sans doute Blanca Li veut-elle marquer les esprits et inciter à l’engagement citoyen au quotidien. « C’est le moment d’agir » nous lance-t-elle comme dans une publicité, et dans un esprit cohérent avec l’engagement physique des danseurs. Mais à quoi servent les interminables tirades gestuelles en unisson? Qu’apporte la fausse nudité de costumes couleur chair? Quelle logique oblige des êtres d’une tribu originelle imaginaire à une discipline de style militaire? Avec sa danse drôlement uniformisée, ce corps de ballet ne crée aucun sursaut. Il brouille le message et oblige à marteler le message dans une fin caricaturale. La chorégraphe qu’est Blanca Li se porte mieux quand elle s’amuse. Ici la danse joue le rôle de l’activité humaine qui spolie la nature innocente. La démonstration est réussie, mais elle n’est pas forcément volontaire. Thomas Hahn [Crédits Photo: © Nico Bustos] |
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